Le 20 décembre dernier, nous nous présentons mes trois fils et moi au rendez-vous prévu à la clinique pour faire prendre les prises de sang demandées par notre médecin de famille pour un contrôle annuel. Quelle belle sortie de famille tu ne trouves pas?
Une famille soudée c’est ça! Si tu es séparée ou divorcée tu comprendras…si ce n’est pas le cas, sache que c’est très pratique pour la «toute-moé séparée» en manque de temps, de regrouper tous les rendez-vous de mes enfants.
Alors à tour de rôle mes trois gars, avec leur face d’ados pas trop contents de s’être levés si tôt pour un rendez-vous à 7h30, se sont présentés à l’infirmière le bras bien disposé à endurer la plus grande souffrance de leur vie. C’t’une blague! Ils ont bien fait.
Assise dans la salle d’attente je me souviens, et me réjouis de ne pas avoir à tenir leur bras (presque de force) ou de les consoler comme quand ils étaient petits. Ils ont tellement grandi… ça me saute dans la face!
Maintenant qu’ils sont ados, mon rôle se limite plus à celui, de réveille-matin, de chauffeur, d’accompagnatrice, de motivatrice et finalement celle qui paye pour ce service plus rapide.
Après qu’ils aient fait leur petit «pique –pique» et leur «petit pipi» dans le petit pot je décide «égoïstement» de les inviter à déjeuner au restaurant… bon, vous pouvez vous imaginer que mes trois ados, ajeûn depuis minuit, et du coup à l’article de la mort ont toute de suite accepté mon invitation.
Je dis égoïstement, car au-delà du déjeuner c’était pour moi la meilleure des excuses pour « avoir » mes trois fils «justes à moi», le temps d’un repas avant que ces derniers ne quittent pour passer la semaine chez leur père. Ouais! La semaine, mais pas n’importe laquelle…celle de Noël.
Comme à tous les vendredis, on fait « l’échange», tels des pushers on s’échange la marchandise, celle non pas fabriquée dans un laboratoire clandestin, mais dans le cadre d’un mariage officiel qui aura duré 16 ans.
Et oui ça nous est arrivé à nous aussi…alors comme plusieurs parents nous nous séparons (50/50) la vie de nos enfants, mais aussi les fêtes officielles telles que Noël et le jour de l’an.
50% des décorations de noël de leur enfance sont déménagé chez leur père tandis que l’autre 50% est resté chez leur même. Les bas quant à eux sont demeurés chez-moi…de toute façon c’était mon idée et c’est toujours moi, qui des mois avant noël trouvais et magasinais les petits trucs spéciaux à mettre dedans… et ce même si le jour de noël c’était offert de la part de maman … et papa.
Magasiner, acheter et emballer les cadeaux fait partie de toutes ces nombreuses petites tâches «invisibles» que je faisais « seule» qui étaient attribué ensuite au «nous» du couple.
Cette année ce n’est pas «à mon tour» d’avoir les enfants à Noël, non, c’est celui de papa. Ce sera mon deuxième sans eux et c’est encore difficile pour moi. Depuis plusieurs semaines j’y pense et me fais différents scénarios en anticipant ce mardi soir.
Oui parce que c’est juste un mardi soir que je me répète, c’est juste un soir de semaine… Une date. Mais je n’arrive pas à me convaincre, car à celui-ci on y a attaché le mot «réveillon de Noël»… et dans ma réalité j’y ajoute « sans mes enfants ».
Entre la fête de Noël et celle du jour de l’an, c’est définitivement celle de Noël qui est la plus importante pour moi, cela a toujours été, car c’est comme ça que j’ai appris. Le réveillon, le matin et le jour de Noël sont pour moi, remplis de petits rituels, et d’ancrage à mon enfance et à celle de mes enfants. Certains m’ont été transmis par mon éducation et d’autres se sont ajoutés avec la venue de mes enfants dans ma vie.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un « petit motton » dans la gorge le soir de Noël. En souvenir du « bon vieux temps » comme on dit… et aujourd’hui mon « bon vieux temps » n’est que 4 ans en arrière… avant cette séparation qui a tout bousillé.
Revenons au déjeuner !
Alors c’est avec la tête remplie de souvenirs que tout au long du déjeuner je regardais mes trois fils, qui dans leur belle complicité se taquinaient et parlaient des activités prévues dans la semaine à venir.
J’ai eu quelquefois la larme à l’œil lorsqu’ils racontaient certains souvenirs de ces noëls où ils étaient tout-petits : «C’était le matin spécial de l’année. On se levait tôt, on déballait les cadeaux et papa et maman jouaient avec nous toute la journée en pyjama». Oui c’est vrai, on était heureux… sauf les amoureux qui à la fin l’étaient un peu moins.
Mon cœur « coupable » de maman se demande quelquefois si nous avons « scrapé » nos fils, mon ex et moi avec cette rupture?
Croiront-ils à l’amour et à la famille? Sauront-ils s’investirent à construire un couple et une vie de famille sans anticiper «une fin» telle que celle de leur parent?
Bon, je sais… toutes ses pensées m’appartiennent, et elles sont teintées de mes propres blessures et mes peurs qui ne sont pas les mêmes. Il en sera probablement bien différent pour eux qui en feront leurs propres apprentissages. Je sais, ma tête le sait! Mais bon…nous pourrons en reparler dans un autre texte, car aujourd’hui c’est de mon réveillon que je veux te parler.
Ce moment passé avec mes fils au restaurant se passe dans la joie. Ils sont heureux et souriants. «Ma face» aussi est souriante, tandis que dans ma gorge il y a ce « motton » et dans mon cœur de la houle émotionnelle, passant par l’amour que j’ai pour eux, la fierté et le bonheur d’être leur maman et la peine de les voir partir et d’envisager mon noël sans eux.
«Tout va bien, sois en contrôle et ne pleure surtout pas» que je me répète !
Solide… jusqu’à ce que l’un d’eux me demande: « Maman, tu feras quoi toi, pour le réveillon?» Le temps de quelques secondes j’ai eu envie de pleurer et de leur dire que j’avais pleins d’activités prévus, que j’allais fêter Noël avec des amis ou encore que j’allais me joindre à mes parents, mes frères et mes soeurs, mais j’aurais menti et je ne voulais pas ça.
Je ne souhaitais pas qu’ils s’en fassent pour moi en me sachant seule et que cela mette un nuage gris sur les moments de plaisirs qu’ils passeront avec leur père et leurs grands- parents.
Cette année, j’ai décliné toutes les invitations, car j’ai choisi d’être seule et c’est ce que je leur ai expliqué. Je ne suis pas malheureuse de ce choix, au contraire j’ai la certitude que c’est ce que je dois faire. Ce Noël…je vais guérir.
Lors du premier Noël sans eux, je m’étais étourdie d’activités et de présences pour éviter cette douleur que mon cœur d’amoureuse et de maman pouvait ressentir. J’avais peur de me retrouver seule, face à moi même, cette inconnue que j’étais devenue.
Noël, c’est la fête de l’amour et de la magie, c’est ainsi qu’on nous le présente du moins, alors il est facile de croire que lorsque tu es seule… c’est tout sauf magique.
Hier soir, bien installée dans ma doudou, boite de Kleenex à proximité, je me suis tapé 2 films de Noël qui jouaient à la télé. Le premier racontait l’histoire touchante entre un chien et son maitre. Quant à l’autre, il nous présentait mère Noël en mission pour retrouver la magie de Noël. Elle débarque donc comme nounou dans une famille ou les enfants souhaitent ardemment la réconciliation entre leurs parents qui sont en procédure de divorce. Tiens donc toé chose!
Bon! Tu me vois venir avec cette prévisible fin à l’eau de rose!
Tu devines que la magie a opéré, le couple a échangé ce fameux baiser sous le gui magique de mère Noël. La femme a ensuite déchiré les papiers de divorce signés que l’homme venait de lui remettre en lui disant qu’il l’aimerait toujours et qu’il lui souhaitant tout le bonheur du monde … et blabla…bla…!
Ça ne m’arrivera pas, c’est clair comme de l’eau de roche! L’accepter a été la chose la plus difficile à faire. Accepter que ce soit terminé entre lui et moi. Accepter que ma famille sous la forme qu’on la projette dans la société et sous la forme que je me l’étais moi-même imaginé ne sera plus. Lâcher prise et accepter est difficile et en même temps « la chose » à faire si on veut créer et avancer « heureuse » dans cette nouvelle vie, que la rupture rend possible.
Je sais que ce soir, je vais pleurer et que je m’endormirai probablement les yeux humides…c’est écrit dans le ciel en grosses lettres majuscules et couleur fluo en plus. J’aurai des pincements au cœur lorsque j’imaginerai mes enfants souriant ouvrirent leurs cadeaux, ceux offerts par leur papa et ceux qu’ils se sont achetés entre eux.
Ce soir mes enfants et mon ex fêteront leur Noël de l’autre côté de la rue à 300 pieds seulement de chez moi…et pendant ce temps dans ma maison, il y aura près du foyer ces trois bas de Noël remplis ainsi que ces trois cadeaux qui attendront impatiemment leurs destinataires.
Quant à moi et ma « toute-moé »… on se promet de passer un beau réveillon!
Je me cuisinerai un délicieux repas qui accompagnera la bonne bouteille de vin que je me suis achetée hier. J’ai planifié un programme pour ma soirée incluant un « petit rituel bilan » à faire avec moi-même. MOI à l’honneur!
Hier, je me suis fait un cadeau, un bouquet de 24 roses. J’adore les fleurs!
J’ai choisi symboliquement deux couleurs. Des roses blanches représentants les belles choses qui sont arrivées pour moi en 2019 et des roses fuchsias (ma couleur préférée) représentant le moins beau, le plus difficile et les fois où j’ai eu le plus besoin d’amour pour moi même.
J’ai aussi spécialement pour moi, ajouté une boite vide sous mon sapin.
Pendant que les autres déballeront les boites cadeaux pour en extirper leur contenu, moi je souhaite remplir la mienne de petits bouts de papier sur lesquels j’inscrirai tout ce que j’ai reçu dans la dernière année; joies, peines, échecs, réussites, expériences, amitiés et amour.
En divorcée heureuse que je suis, je veux me sentir riche de ma vie. C’est important pour moi.
J’aurais peut-être du faire ça le premier noël, mais ça faisait trop mal et j’en étais incapable. Cette fois c’est différent… j’ai cheminé.
Laisser au temps, le temps de faire son temps que j’aime dire !
Alors, si tu me lis et que tu n’es pas rendue là…dis-toi que c’est ben correct!
Je ne veux surtout pas que tu culpabilises avec ça… tu le fais probablement déjà assez. Je te partage mon histoire pour que tu saches, qu’avec le temps et de l’amour pour toi tu y arriveras. Ça passera et tu retrouveras toi aussi ta « toute-toé ! »
Alors ce soir, si tu as mal et que tu as envie de pleurer, pleure! N’oublie pas cependant de t’aimer assez fort pour te permettre de sourire et de rêver à un futur plus heureux. Rappelle-toi que tu as le droit d’être heureuse toi aussi, même si en ce moment ça te semble difficile. Tu n’es pas seule, je sais exactement comment tu te sens.
Les trois dernières années auront été les plus difficiles à vivre pour moi, avec la séparation, la maladie de mon fils, mon épuisement de compassion et ma reconstruction, bref toutes les sphères de ma vie ont été sens dessus dessous.
J’ai eu 50 ans cette année et je n’ai même pas fêté ça! J’ai même passé ma journée d’anniversaire seule. En fait, 2019 aura été l’année où j’aurai vécu le plus grand sentiment de solitude de toute ma vie. Comment se sentir autrement, lorsque tu ne sais même plus qui tu es? Quand tu ne sais plus qui tu es sans lui, sans ton « nous » et sans tes enfants?
Avec le recul je sais que c’était nécessaire. J’ai compris que c’est dans le silence et la solitude qu’on arrive vraiment à revenir à soi.
Cette année on change de décennie et je suis heureuse de traverser cette étape en étant bien avec moi. Je souhaite laisser derrière moi ce qui appartient à mon ancienne vie et ne traverser avec moi que ce qui est bon et utile à la construction de ma nouvelle vie.
Et toi, belle complice? Que traverseras-tu avec toi?
La femme en moi est contente de passer ce moment, seule avec elle-même.
Quant à la maman, c’est certain que ses enfants lui manqueront, mais je la consolerai en lui rappelant qu’elle aura droit elle aussi à son Noël avec ses enfants… mais ce sera le mardi suivant.
Ce n’est qu’un mardi après tout…et il y a ces trois cadeaux sous mon arbre qui attendent leur Noël!
À toi, qui passeras toi aussi ton noël avec ta « toute-toé », je te souhaite un très joyeux noël et je te fais un gros câlin.
Marilyne xx